We won’t go to Auzchwitz _ action performed in Krakow in May 2013.
On the banks of the railway passing through the district of Podgórze, where lies the Mozak (Museum of Contemporary Art of Cracow) right next to the Schindler factory, to put black tape to write the sentence: WE WON’T GO TO AUSCHWITZ
To go up the awning and remain naked in front of this sentence as trains are passing ….
Nous n’irons pas à Auzchwitz _ action réalisée à Cracovie en mai 2013.
Sur les quais de la voie ferrée qui passe dans le quartier de Podgórze, là où se trouve le MOZAK (Museum of Contemporary Art of Cracow) juste à côté de l’usine Schindler, écrire au scotch noir la phrase : NOUS N’IRONS PAS À AUSCHWITZ
Monter sur l’auvent et rester nue face à cette phrase pendant que les trains passent ….
Sous cette voie ferrée passe un tunnel, dans son prolongement un autre petit tunnel fait de blocs de béton et : lors de ma résidence à Cracovie, je suis allée plusieurs fois au MOZAK et je suis passée plusieurs fois sous cette construction sans m’apercevoir clairement tout de suite de ce qui était écrit, quand j’ai découvert soudain que les lettres qui laissaient entrevoir le ciel formait le mot AUSCHWITZ. Et que ce tunnel anodin était une œuvre en hommage aux victimes de la Shoah.
Étrange expérience de ne pas avoir vu ce mot alors que dans tout Cracovie on trouve des prospectus fluos, et des affiches touristiques invitant à gros traits à visiter Auschwitz, des petits bus avec inscrit Salt mine, Aus, et sur un dépliant pour une compagnie de bus : « communication directe la plus confortable entre Cracovie et le Musée d’Auschwitz » … Allez hop un petit tour sans oublier la casquette car il y a du soleil et le pique-nique …. Et surtout ce panneau au détour d’une rue « Auschwitz pour moins de 8 euros » …
AUSCHWITZ, présence prégnante et en même temps qui se dissous dans l’air et le ciel, qui est là même sans qu’on s’en aperçoive. Regarder le ciel à travers les lettres A-U-S-C-H-W-I-T-Z. Marcher avec AUSCHWITZ au dessus de sa tête. AUSCHWITZ, localisation qui rayonne, en radiations, entre invisible présence et marketing touristique, entre spectralité et hyper-visibilité. AUSCHWITZ, point noir sur la carte de la mémoire, et sanctuaire pour tourisme de masse …
…. et cette phrase « Auschwitz pour moins de 8 euros » qui résonne en moi …..
Cette performance est une réponse à cette phrase, une action en retour pour dire l’impossible.
Impossibilité à concevoir l’existence d’un tel lieu.
Impossibilité que ce lieu devienne une visite touristique comme une autre.
Impossibilité de voir ce lieu, car même si on s’y rend, on ne peut aller à Auschwitz, les énoncés « je vais aller à Auschwitz » ou « je suis allé à Auschwitz » sont faux. Echo au dialogue d’Hiroshima mon amour de Duras, lorsqu’IL lui dit « Tu n’as rien vu à Hiroshima »
Impossible expérience du temps et de l’espace, entre ce qui a eu lieu et le lieu.
Cette action n’est en aucun cas une négation de l’existence de ce lieu, mais un geste pour tenter de le garder en mémoire au-delà de toute commémoration, comme le lieu même de l’impossible qui a pourtant eu lieu, un geste, pour tenter, trés modestement, de s’interroger sur la mémoire et l’Histoire …
>>> cette action est en connexion avec d’autres projets qui interrogent les géographies impossibles, réflexion sur le temps et la catastrophe comme dans Translation (HP Process), performance et installation dans laquelle résonne la phrase « nous n’irons pas à Fukushima »
Merci à Marta Jonville pour les photographies ____ [Résidence Mécanisme pour une entente ]
Article sur la dimension touristique de la mémoire de la Shoah >> lire